Signes et marquage en édition : le cas des révisions

2024-02-07

http://blog.sens-public.org/marcellovitalirosati/revision.html

Dans ce billet, Marcello Vitali-Rosati explique comment fonctionnaient les révisions (corrections, rectificatifs…) à l’époque pré-numérique, et surtout comment les logiciels de bureautique ont nivelé par le bas les savoir-faire liés à cette phase essentielle du travail éditorial.

En le lisant, j’ai tout de suite pensé à deux de mes concepts préférés. D’abord celui d’architexteJeanneret et Souchier, « Pour une poétique de l’écrit d’écran », 1999 ; Jeanneret, « Sémiotique de l’écriture », 2005 ; Bazet, Hémont et Mayère, « Entretien avec Yves Jeanneret. Genèse et mises au travail de la notion d’architexte », 2017.
, qui désigne l’écriture de l’écriture, le fait que les conditions d’écriture sont déterminées et que, dans un environnement informatique, cette détermination existe elle-même sous forme d’écriture (programme, code). Le problème n’est pas l’architextualité en tant que telle mais l’hégémonie d’architextes réducteurs. Marcello écrit :

« Le problème ne vient pas du fait que “le numérique” ne permet pas la “richesse” du papier. Le problème est que les environnements numériques mainstream ne modélisent pas les pratiques des communautés particulières, mais essayent de répondre à tous les besoins de façon générique. »

Et ensuite, il y a le concept de scripturationLaufer, « L’énonciation typographique », 1986.
, qui désigne les marques de l’énonciation, mélange de signes de ponctuation et d’autres signes inventés avec la typographie. Ce que Marcello écrit ici à propos des signes de révision, on peut l’étendre aux langages de balisage en général :

« Les signes et les pratiques de révision incarnent donc une pensée complexe du document imprimé. Ils expriment une philosophie du texte, une manière de modéliser théoriquement le sens qu’un texte peut exprimer. Les différentes incarnations graphiques expriment des idées, des pensées: “cette série de caractères est un titre”, “Ici commence un nouveau paragraphe”, “ce mot est dans une langue étrangère”, etc. La quantité de signes disponibles montre la complexité du modèle textuel et la richesse du dialogue qui s’instaure entre les différentes instances éditoriales: auteur, éditeur, réviseur, graphiste, imprimeur… »

Références

Bazet, Isabelle, Hémont, Florian et Mayère, Anne. « Entretien avec Yves Jeanneret. Genèse et mises au travail de la notion d’architexte ». Communication. Information médias théories pratiques. 2017, n° vol. 34/2. https://doi.org/10.4000/communication.7287.
Jeanneret, Yves. « Sémiotique de l’écriture ». Canal-U. 2005. https://www.canal-u.tv/video/fmsh/semiotique_de_l_ecriture.28783.
Jeanneret, Yves et Souchier, Emmanuël. « Pour une poétique de l’écrit d’écran ». Xoana. 1999, n° 6/7.
Laufer, Roger. « L’énonciation typographique ». Communication et langages. 1986, n° 68. https://doi.org/10.3406/colan.1986.1762.