Bibliopea

2023-12-11

https://bibliopea.hypotheses.org/

Bibliopea est un carnet de recherche publié récemment par Pierre Musitelli autour de l’écriture scientifique au format texte et de la gestion de références bibliographiques. C’est un gros travail : les billets sont longs, denses, avec beaucoup d’illustrations et de liens ; il y a des conseils qui portent sur les méthodes, des tutoriels pas-à-pas pour certains outils. Bref, l’effort est à saluer, et la ressource est à diffuser largement.

Une critique toutefois : l’auteur se concentre un peu trop sur Obsidian à mon goût. La configuration d’Obsidian comme outil d’écriture scientifique est laborieuse, limitée et fragile ; pour s’en convaincre, il n’y a qu’à parcourir les tutoriels Obsidian pour auteurs scientifiques. Pire, il y a une vraie hypocrisie chez les créateurs d’Obsidian à prêcher l’idée que le fichier doit primer sur le logiciel : en pratique, ils font tout pour rendre l’utilisateur captif d’un jardin fermé, en multipliant les petites différences avec des formats d’écriture standards, ce qui rend dépendant de l’outil. Pierre Musitelli l’admet à certains moments : le passage d’Obsidian à d’autres outils comme Zettlr n’est pas toujours possible, ce qui rend caduque la promesse d’interopérabilité et soulève de sérieuses inquiétudes sur la pérennité des données créées dans Obsidian.

J’encourage vivement les personnes qui hésitent sur le choix d’un outil d’écriture scientifique à penser d’abord à la question du format et pas de l’outil. La variante Markdown de Pandoc sert actuellement de socle à tout un écosystème du format texte scientifique. C’est un format fiable, qui n’est pas près de disparaître. On peut écrire en Pandoc Markdown dans des logiciels qui sont adaptés à ce format (comme Zettlr, Stylo), ou bien dans des interfaces plus neutres, que ce soient des éditeurs de texte généralistes (comme Notepad++, BBEdit, Gedit) ou orientés code (comme Sublime Text, VSCodium). Quel que soit le format qu’on choisit au final, penser d’abord au format incite à concevoir de manière réaliste des processus de travail simples, efficaces et robustes, qui ne dépendent pas d’un outil en particulier. C’est un chemin plus exigeant mais plus sûr lorsqu’on s’engage dans un travail de long terme.